Au début de la présidence de George W. Bush, la doctrine néoconservatrice était présentée comme le degré zéro de la pensée. Pour bon nombre de chroniqueurs, il s’agissait d’une simple parenthèse dans notre Histoire, qui devait très rapidement retrouver le sens de la raison. Pourtant cette aberration est devenue en moins de deux décennies la conception politique quasi-exclusive qui domine en Europe, et donc bien entendu en France et cela quels que soient les gouvernements au pouvoir.
Pour preuve : en septembre 2007, George Bush est encore président des USA. Interviewé par le New York Times, Nicolas Sarkozy parle de « l’éventualité d’une évolution » de la place de la France dans l’OTAN. Il laisse entrevoir en matière de politique étrangère un alignement plus affirmé de la France sur les positions américaines. Cela alors même que depuis 2003, les États-Unis sont engagés dans une guerre illégale en Irak. Ainsi, encouragé par une très grande partie de la classe politico-médiatique, Sarkozy parachèvera son triste bilan en réexpédiant la Libye au Moyen Âge. La suite nous la connaissons : François Hollande remporte l’élection présidentielle en mai 2012. Dès lors sur les dossiers de politique étrangères (Syrie, Ukraine, Israël, Iran), le duo Hollande-Fabius va s’employer à respecter autant qu’il est possible de le faire la conception stratégique de la politique étrangère élaborée en amont par les faucons de la Maison Blanche.
Comme toute idéologie a besoin de ses propagandistes, surtout lorsqu’elle fait l’objet de polémiques, nous pouvons dès lors postuler que certains de nos journalistes vont en devenir les chantres. Parmi ceux-ci, Philippe Val, Laurent Joffrin, Éric Mettout, Alexis Lacroix et Christophe Ayad sont devenus les faire-valoir d’une France totalement inféodée aux intérêts de divers conglomérats. Nous allons voir comment et pourquoi.
Autopsie de cinq cas de journalistes acquis à la doctrine néoconservatrice.
1. Alexis Lacroix
Directeur adjoint de la rédaction de l’hebdomadaire Marianne, Alexis Lacroix est également responsable des séminaires de « La Règle du jeu », revue fondée par Bernard-Henri Lévy, le philosophe qui voit des antisémites partout en France, mais pas en Ukraine. Les séminaires organisés chaque dimanche réunissent de nombreux écrivains, journalistes et spécialistes de question diverses et variées.
« Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es »
Qui sont donc les faiseurs d’opinions que l’on invite ou que l’on allègue à La Règle du Jeu ? Nous retrouvons un très grand nombre de néocons du premier âge qui sont : Michel Taubmann – Galia Ackerman – Frédéric Encel – Pascal Bruckner – Brice Couturier – André Glucksmann – Raphaël Glucksmann – Romain Goupil – Bertrand Lebeau – Jacky Mamou – Pierre-André Taguieff – Marc Weitzmann – Nicole Bacharan – Monique Canto-Sperber – Mohamed Sifaoui.
Ils ont tous pour point commun d’avoir collaboré à un autre think tank néoconservateur bien connu : « Le Cercle de l’Oratoire ». Ce groupe de réflexion français fut très proche du PNAC (Project for a New American Century), le think tank néoconservateur américain auteur du Rapport « Reconstruire les défenses de l’Amérique ». En 2006, le journal Libération titrait une de ses chroniques consacrée au Cercle de l’Oratoire : « Les meilleurs amis de l’Amérique ».
Cette liste d’intervenants se complète par d’autres personnalités comme Alain Bauer, directeur de la SAIC Europe, une filiale du Pentagone et de la CIA.